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PAPIERS D’ARMENIE
փաստաթղթեր Հայաստան
ISTANBUL – EPEBAH
Turquie – Géorgie – Arménie
en vélo saute-frontières
De
Turquie en Arménie
En
passant par
Quel long chemin
d’Istanbul à Yerevan !
27
jours de route
22
jours de vélo
17
cols
Plein
de rencontres, de souvenirs, de chai, de repas partagés, d’accueils
inoubliables, d’aventures au cours de cette longue route
En remontant le Bosphore
La bleue Mer noire
Arrivée au Mavin Guest House en bus sans être obligé de prendre
l’autoroute c’est royal !
Le dimanche, Croisière sur le full Bosphore Cruise
remontée du Bosphore en ferry jusqu’à l’embouchure de
Les beaux ponts sur le bosphore : une jambe en
Europe, l’autre en Asie, on se laisse aller, à part la montée vers le Yoros
Kalesi. Mais en haut, quelle vue sur la mer noire !
Samedi 12 juin, jour J, tôt réveillé, fébrile et tremblant avant le
grand saut comme un parachutiste prêt à s'y lancer. Ca y est. Première porte
fermée. Le Stambouliote tailleur gros visage bronzé à forte carrure me lance en
passant un "bon voyage, bon courage". Le tram. Le monde. La première
bonne rencontre. Un monsieur jeune m'aide à rentrer mon vélo avec mon carton.
Très sympa, il m'indique où m'arrêter et m'adoube encore d'un "bon
voyage". La gare routière. Encore une blonde qui vient m'aider. Train dans
une minute. La gare routière en vue. Je regrette de n'avoir pas utilisé la
formidable et magique invention de la roue guidant mon vélo en portant mon vélo
carton comme un Christ portant sa croix. La croix dans la soute. Le bus pour
Saint-Exupéry qui démarre au milieu de ces voyageurs du monde. Enfin, un
premier point de non-retour. Et le Jérôme à l'arrivée comme un miracle
m'accueillant. La bise. Qu'est-ce que tu fais là ? Me dit-il tout étonné. C'est
lui qui aurait pu m'y conduire ; il est chauffeur de bus de la navette.
Incroyable ! Bon voyage, on peut se le dire mutuellement. Le bazar avec mon
carton, mon vélo dans le sarcophage en espérant qu'il sera en forme à l'arrivée
à Istanbul. Les familles qui attendent l'enregistrement puis le vol. Hommes
bronzés ou européen, femmes voilées ou non, des robes longues toujours. De
beaux foulards cachent leurs cheveux. Un blanc à pois noir très élégant, des
simples belges ou des unis noirs ou blancs. J'envie ses familles, ce couple
avec trois enfants qui partent quelque part au sud de Keyseri. Déjà en entrant
Le Christ est déjà là.
L'accueil à l'aéroport par une rangée de supporters. Il y a même un bouquet !
M. JEUVAU sur une pancarte. Incroyable ! Une navette nous attend. La route donc
pour Marvi Guest House. L'autoroute comme un retour sur une illustre route.
Marvi Guest House. Le bon accueil par le monsieur que je connais bien. Le tour
du monde en peu de temps : Québec, Allemagne, France... Sainte-Sophie, Aya
Sofia,
la mosquée bleue
comme si j'étais parti hier. À la recherche de chaussures avec Christian dans
un supermarché market populaire à l'occidentale. Lumière débordante. Il a
trouvé chaussure à son pied, c'est le principal. Au Han restaurant, la dame aux
crêpes à la turque à l'entrée. Les tapis au mur. "C'est fabuleux",
commente Christian émerveillé devant un tel décor. De vieux outils comme une
baratte accrochée au mur. Vue panoramique de nuit à l'étage du bar voisin.
Sainte-Sophie, le Bosphore au pont illuminé et la mosquée bleue où des oiseaux
tournent attirés par la lumière, le dôme et les minarets qui pointent dans la
nuit.
Dimanche 13 juin, bien dormi malgré des bruits dans la nuit, des
va-et-vient dans l'escalier. Marvi Guest House ne se repose pas beaucoup.
"Jamais aussi bien dormi", constate Christian. Neuf heures à sa
montre ! Les rencontres du bord de mer. Les pêcheurs d'abord sur les rochers de
la côte et puis les cyclos harnachés comme un tour du monde avec remorque et
bagages. Ce sont Lionel et Françoise partis d'Annecy il y a deux mois et
arrivant ici. Mehmet, c'est le ferry pour le full Bosphore Cruise. Une mémère
dans la foule, grand manteau, foulard se fraye cahin-caha un chemin dans la
foule des touristes. Les pêcheurs du port au-dessus du restaurant de poissons :
Yildinir, Yanka BalikAruna Cafe, BalikNoktasi défilent quand le bateau démarre
et puis
Le grand pont sur le
Bosphore approche. Le Christian apprécie me faisant une moue approbatrice.
L'arche suspendue entre Europe et Asie, un pont entre deux mondes. "Le
symbole entre les deux continents", rajoute Christian. Les maisons de bois
au bord de l'eau. C'est Kanlica, notre escale où l'on débarque au milieu des
cafés en terrasse. Le bout du Bosphore, on aperçoit la mer Noire, elle est
bleue !
Le Yoros Kalesi,
c'est une forteresse romaine dominant le Bosphore et la mer Noire. La grimpette
pour y aller sur des pavés, on dirait un peu Paris-Roubaix au milieu des
touristes. Là-haut, c'est un peu le barbecue du dimanche avec les grillades et
la machine à thé où s'affairent les familles sous les pins. La grande secousse
dans la descente et ses pavés bien bossus. L'oeil bleu, symbole de la chance
nous suit sur les marchands de souvenirs. Les restaurants à poissons : une
grosse limande nous attire dans un aquarium. Chez le marchand de glaces, ça
rafraîchit et Christian en profite pour me mettre des glaçons dans le maillot !
Le retour au bercail. Au revoir la mer Noire que l'on aperçoit entre deux
langues de terre, les deux arches bras immenses sur le Bosphore. Fini le voyage
dans le voyage. Retour à la folie de Sulthanamet. Un marchand de cerises en passant
puis je suis le tram jusqu'à Aya Sofia et le havre du Marvi Guest comme un port
où accoste le monde entier.
Du Bosphore
à Beypazari
Le refuge de Demig
ISTANBUL –
BEYPAZARI
ISTANBUL – UZUNTARIA
On
s’avance en ferry mais on est toujours au milieu d’une banlieue tentaculaire
Passage
obligé : l’autoroute pour se sortir de cet enchevêtrement où on se perd
Heureusement
globalement plat
UZUNTARIA -
KARACOMAK 135 km
Plat au
début mais à partir d’Akyasi montée et vallonnement dans une chaleur
éprouvante. Pour moi, journée la plus pénible à cause d’une fringale
KARACOMAK – BEYPAZARI 132 km
un col Aynalikaya Geçidi à 1210 m dès le
début, ça chauffe bien !
ensuite valloné et à Cayirhan des
travaux en plus
Arrivée très fatigué à
Beypazari : eau minérale locale bienvenue !
Lundi 14 juin, jour J, jour D Grand jour pour le départ.
"Prenez garde à vous", ce sont les mots d'amitié que nous lancent nos
amis cyclos rencontrés hier Lionel et Françoise après une dernière photo de
départ. Un dernier au revoir pendant qu'on se lance sur les rues pavées qui
descendent vers la mer. Un saut en ferry pour nous sortir de la ville mais
cette mégalopole est tellement grande,
on se retrouve
toujours à vélo dans les rues pleines de trafic. Dans une montée, le cheval
refuse l'obstacle. Un saut de chaîne imprévu sur le petit plateau et nous voilà
arrêtés. On repart vers Fehnerbace et d'autres quartiers dans cette cité
tentaculaire. On tente de trouver une route qui longe la mer mais où est-elle ?
C'est finalement par l'autoroute que l'on essaie de s'extraire de cette hydre à
multiples têtes.
C'est le baptême du
feu pour Christian avec des camions qui nous emportent dans leur sillage. A
Gebze, on sort mais on ne s'y retrouve pas. Retour sur l'autoroute à Hereke. À
l'ombre de la taverne avec le turc que l'on ne comprend pas à part Viva Coca
c'est bon de se reposer. On retrouve la mer enfin. Les containers, des
montagnes de fer que des grues accumulent à Dostlar. Le Christ est motivé. On
roule bien jusqu'à Kiracithanesi où on prend un chaï. On joue aux dames, on lit
des journaux. On est à Uzuntaria où on trouve un hôtel à côté de la station.
Grand luxe, sauna et massage par le fort turc et une douche. On est comme des
sultans dans un caravansérail. Cassolette de boeuf, légumes, tomates poivrons
que l'on nous présente avec du pain dans un grand Tupperware nous requinque
mais attention aux piments ! Heureusement, le chaï adoucit et l’eau de Cologne
rafraîchit. Le muezzin termine en prière le repas avec le soleil couchant comme
une plainte de ce jour qui finit. Une étoile le remplace et la lune comme un
cil.
Mardi 15 juin, le ronflement des camions derrière la vitre au
soleil donne déjà. À mâcher, les chevaux prêts des camions en attente comme ce
jaune écrit Masallah dessus. Petit-déjeuner : olives, fêta, confiture avec le
chaï. On longe le bout de la mer de Marmara. Des cerisiers le long de la route.
« On aurait été bien sous les tilleuls », me confie Christian. Le
héron cendré en passant. De grandes lignes droites où on se croirait dans la
plaine du Pô avec maïs, haricots et courges. C'est très vert avec de temps en
temps des vaches. À Hendek, on se prend la douche avec un tuyau et la pause
chiotte à la turque. En haut d'un pylône, des cigognes nous regardent passer.
On tourne à gauche et enfin une petite route depuis Istanbul distant de plus de
A Resadye Koyu, une
fontaine où le Christ torse nu prend sa douche ! C’est vraiment vallonné et la
fringale me prend. Une rivière, on remonte. La bergère qui tricote ne veut pas
se faire prendre en photo avec ses moutons et ses vaches autour de la fontaine
où ils s'abreuvent comme nous exténués. Le chaï offert à la station où pas loin
un hôtel bienvenu se trouve au-dessus d'une autre station voisine. Ouf, je suis
allé au bout de mes forces. Au pied d'un bric-à-brac, un escalier mène à des
chambres. Deux lits, une douche et c'est le paradis à Karaçomak. Tout l'étage
quatre chambres est pour nous. Une grande salle carrelée pour la douche et le
robinet du lavabo qui coule en dehors de la vasque ! Avec Ahmet, un Turc qui
travaille à la construction des pylônes rencontré au restaurant, on se dit au
revoir et on s'embrasse avec effusion avant de se coucher harassés de cette
journée très éprouvante.
Mercredi 16 juin, les petits chiots dans la cour nous regardent partir
à la fraîche sans petit déjeuner. C'est une grande montée au-dessus du village
qui sera notre entrée, des lacets et puis un col
Aynalikaya Geçidi à
Un lac, ça ne peut
pas éviter, on s'y baigne et le Christ tout habillé y plonge. A Cayirhan, une
carrière de fer puis des travaux d'élargissement avec des vallonnements tous en
lignes droites interminables sont très pénibles. Enfin, Beypazari après une
ultime montée décourageante. Après avoir dégusté la bonne eau minérale de
Beypazari, on cherche un hôtel désespérément. Et puis le miracle, Ersun,
parlant français après y avoir travaillé plusieurs années nous conduit chez
Demig dans une vieille demeure avec une grande porte en bois. Au bout d'un
escalier de bois aussi, une grande salle avec tapis où donnent deux grandes
chambres dans un décor rustique derrière de jolies portes en bois.
Et le sourire de
Demig au milieu de son fichu avec sa jupe bouffante nous ouvre grandes ses
portes du bonheur.
Jeudi 17 juin, rêveillé tôt de notre sarayi sans volet uniquement
des rideaux dans ma chambre octogonale comme une tour Juste des petits oiseaux, un coq, le coucou ?
Pas de muezzin pour nous réveiller. De notre suite, on domine les maisons
étagées à colombages, le minaret de la mosquée devant une tour blanche au
sommet de la colline sous un ciel bleu impeccable. Les enfants : Sirad, Zoulan
aux yeux bleus nous accompagnent dans les ruelles jusqu'au fort où on domine
tout le village
.
Un escalier y mène
comme une petite muraille de Chine. En redescendant par des jardins, des
maisons pittoresques avec des tonnelles. Il fait chaud déjà et Kabiria, la
bijoutière, nous invite dans son magasin climatisé. Un sourire un peu gêné,
quelques mots échangés, musique, nostalgie. Au restaurant Dequrmencioglu sous
la tonnelle, on apprécie les brochettes avec du riz ainsi que des légumes crus.
Promenade dans les ruelles commerçantes : forgeron, chaussures, tissus,
vêtements, légumes et fruits secs nous tendent les bras dans leur camaïeu de
couleurs. Sous les arcades, un marché aux fruits et légumes et les groupes de
gens discutent autour d’un chaï. Sieste dans la chaleur. Les pétards qui
réveillent. Demig sur son coussin à l'entrée de sa grande maison semble amusée
de tout cela. On ne trouve pas l'imam ! On cherche l'aubergine farcie que
Christian aimerait bien goûter. Tant pis. On trouve des jus de carottes frais.
Beypazari fournit 60% de la production de carottes en Turquie. Au retour de la
partie moderne de la ville où trône une carotte géante, le restaurant Eflaya
sur le trottoir fera bien l'affaire. Un petit vent à côté des joueurs de taula
accompagne notre repas. Les toilettes, c'est un vrai labyrinthe au bout d'un
escalier en rondins de bois pour arriver sur le toit. Les grillons comme la
chanson de Reggiani nous bercent sous les acacias. La bataille fut rude.
Assailli par des pétards, une partie de la nuit, ça pète, ça siffle, ça éclate.
Des ombres qui jettent des serpentins, feux de Bengale et puis plus rien.
Cap vers
BEYPAZARI – GOREME
BEYPAZARI – ELMADAG
Pas de grosses montées, un col ensuite puis des
travaux sur la 4 voies
Ca roule bien : Fuax plat descendant jusqu’à Ankara.
Agglo pénible
Faux plat montant jusqu’à Elmadag où on arrive tard
le soir
ELMADAG -
KIRSEHIR
Longues lignes droites fortement vallonnées comme
des casse pattes
Puis plus calme, ça redescend et ça roule bien sur
le plat jusqu’à Kirsehir
KIRSEHIR – GOREME
Montée sur un plateau de champs de blé
Léger vallonement ensuite puis grande descente vers
D’Avanos à Goreme, ça remonte mais c’est le final et
puis c’est tellement beau !
.
Vendredi 18 juin, l'appel de la route après cette bataille nocturne
où le sommeil a fini par l'emporter tard dans la nuit. Un peu crevé, seul,
Christian n'a pas été perturbé par tout ce vacarme. Un coq au loin semble
chanter la fin de la bataille pendant que les hirondelles balayent le ciel
bleu. Bye bye Demig, son sourire et le bras en signe d’au revoir. Un petit
déjeuner avec le traditionnel chaï
pendant que les groupes se demandent bien où on va avec nos étranges montures.
Le paysage en sortant est plutôt désertique avec de multiples formes à tête
ronde. Les cultures s'étalent au-dessous. Des remonte-pentes ! me lance
Christian qui a dû certainement attraper un coup de chaud !. Deux voies en
travaux pénibles puis on arrive sur une 4 voies et là quel soulagement ! À
l'entrée du village de Ugurcayiri, une grand-mère me vend quelques cerises
bienvenues. Rapaces et cigognes égaient les lignes droites où nous attendent
des marchands de cerises. Une pause dans un village et le monsieur du Market
m’offre un beau stylo bleu. À la sortie, la montée dans un col ouvre à un
endroit plus vert, l'air frais, quelques nuages. Au sommet, la route semble
mener au ciel. Quelle descente ensuite, faciles lignes droites faux plats
descendants. Le Christ bien parti semble aspiré par Ankara plus très loin. De
grands immeubles tout neufs l'annonce. L'autoroute maintenant à l'entrée est large
mais pas la circulation affolante d'Istanbul. A Yenimahale, on cherche
désespérément un marchand de vélos pour un pneu dans le super Market Cagdas.
Tant pis pour le pneu, on repart dans la circulation plutôt dense en cette fin
d'après-midi et là on se fait des noeuds dans les bretelles ! Un peu sorti de
l’agglomération, on se fait une pause à
au soleil couchant à
Elmadag. Pas d'hôtel, nous indique-t-on. Heureusement, deux anges tombés du ciel
nous proposent de nous héberger pour la nuit. Osram et Baris seront nos anges
gardiens, ils nous accueillent dans leur maison en haut du village. Salle de
bain, chambre avec deux lits où on prend une photo souvenir avec nos deux amis.
Promis, on leur
enverra les photos. Sur le balcon, les lumières du village, les étoiles et puis
tout s'efface dans un sommeil profond.
Samedi 19 juin, Bye bye Osram et Baris avec qui on fait le tour du
village. Au restaurant, on offre à nos hôtes du jour une soupe de poissons
avant de leur faire la bise. Ciao ciao, jamais on ne vous oubliera. Belle
descente, il fait presque frais au milieu de ces montagnes pelées et ces roches
rouges volcaniques. On double les camions ! Kirikale, ça sonne comme un coq qui
chante. De longues lignes droites montantes se succèdent dans la steppe avant
la source bienvenue Sahihul Hayrat Isihir Su, la su qui coule pour notre plus
grand bonheur. Les tournesols et puis Keskin où c’est le chaï qui coule. On ne
souffrira pas de chaï ! Des vallonnements se déroulent dans le patchwork de
vert, de blonds et de marrons. Un camp de réfugiés avant Akpinar. Un arrêt à la
station où une bonne soupe de poissons nous attend. Les casiers de bouteilles
un présentoir de plats, des cartes de
Dimanche 20 juin, le muezzin puis le coucou viennent nous réveiller. Petit déjeuner
copieux sur les chaises au dossier bleu ciel. On remonte sur la grande route et
puis on prend notre rime pour une bonne mise en jambes. Une mosquée dans une
zone industrielle puis on atteint un plateau où s'étendent des champs de blé.
Les moissonneuses
s’en retournent comme des chars après une fête. Ca se couvre et c'est tant
mieux. Dans un pré plutôt maigre, un berger fait paître quelques vaches. Pas de
chien en vue pour le moment. À Macour, petite arrêt chaï dans une grande cafet
où on fait encore l'attraction. On va bientôt faire signer des autographes !
Direction Yùcesan, un caravanSarayi un peu trop loin pour s'y reposer.
Babapinacilt, quel long nom ! Un léger vent nous pousse vers
Arrivée à Cavuzin, un
premier village typique avec ses maisons à étages creusées dans la roche. On
s'élève encore et là c'est la vue magique sur les cheminées de fée, les
demoiselles coiffées, les innombrables sculptures priapiques qui nous
accueillent. Goreme, photo souvenir sur la place avant d'entrer dans un défilé
de sculptures qui nous ouvrent la route pentue et pavée jusqu'au Kaya camping à
côté de l'église Aymati. La piscine pour nous deux, la vue imprenable sur les
innombrables pèlerins de
Lundi 21 juin, la pluie dans la nuit, le vent qui agite les voiles.
Un petit tour en
montgolfière pour survoler
Dans les sculptures
géantes, on mène nos vélos comme dans un ranch au milieu d'un désert. A Cavusin
pour un chaï par un vieux monsieur, bronzé, barbe blanche et bonnet marron qui
nous invite.
Les demoiselles
coiffées comme des formes phalliques se pressent à Paça Bagi. A Zelve, c'est
une vallée inhabitée depuis 1952 où se trouvaient des habitations troglodytes.
Uzumlu Church. Dés bancs sous une tonnelle, des lits dans une grotte, un foyer
c'est un peu le paradis, lance le Christ dans cette vallée rose. Sous le
couchant, les sculptures semblent des corps dans l'ombre et leur tête au
couchant attendant sagement le passage sur l'autre rive. À l’Orient restaurant,
c'est la classe pour 25 TL. Le retour se fait dans la nuit le long des totems
géants qui pointent leur nez vers les étoiles.
Abricot Passion
GOREME – AKSADAG 407 km
GOREME – KOPRUBASI 136 km
Valloné jusqu’à un col puis descente grande route,
on roule fort en ligne droite plat jusqu’à Kayseri
2km à 10% à la sortie Plateau valloné jusqu’à
Koprubasi
KOPRUBASI - GURUN
Toujours le plateau Montée raide puis descente sur Pinarbasi
Pas de ravitaillement, pas un market trouvé jusqu’à l’arrivée !
Lignes droites dans la steppe pis le Zigaret Geçidi à 1900m avant de
remonter au col de Mazikiran à 1800m
Descente de rêve jusqu’à Gurun où on s’écroule de fatigue
GURUN – AKSADAG
Travaus pénibles dés la sortie de Gurun
Un col avant Darende. Halte à Balaban avant le
Karahan Geçidi 1800m. Travaux encore, remontée et puis descente dans les
vergers d’abricotiers jusqu’à Aksadag
Mardi 22 juin, le muezzin résonne dans le silence de l’aube. Les oiseaux prennent le
relais pour chanter le jour nouveau. Toufui, toufui presque dans la tente.
« Le premier ballon qui s’élève », me dit le Christ déjà debout. Les
oiseaux huppés ; les ballots sur une charrette tirée par un mulet avant
d'arriver au village de troglodytes d’Urgus aux habitations rupestres creusées
dans la roche. Je m'y verrais bien dans ma résidence secondaire. Dernier au
revoir à
Au Serkizi Market, le
gros cuisinier au tablier rouge semble autant suer que son kebab. Les marchands
réparateurs de vélos regroupés dans tout un quartier. Plein de bicyclettes et
des Kuofers. La longue montée au sortir de Kayseri (Césarée) et d'un quartier à
haute tour touche touche. « 2 km à 10 % », annonce une pancarte.
« Je perds mes billes », me lance le Christian qui perd aussi la
boule sous le soleil. Sur un plateau plus verdoyant, on suit toujours la
montagne enneigée.
L’arrêt chaï fait du
bien mais mille questions sur notre voyage nous assaillent. Le gris des
montagnes pelées se confond avec les nuages. Va-t-il pleuvoir ? On continue sur
cette grande route vallonnée. Christian fait galoper son cheval. Un premier
village Koprubasi, village rustique regroupant quelques maisons où Mimish,
bronzé, casquette, nous indique un restaurant un peu plus loin. Dans une
station, on nous propose une chambre. Alors que
Mercredi 23 juin, les oiseaux et le soleil viennent nous réveiller dans notre tour
vitrée comme une coupole astronomique. Dur le matin, de manger un oeuf, des
olives, du fromage ! Le propriétaire nous fait visiter ses ruches alignées à
l'arrière. C'est reparti, on butine les kilomètres. Quelques vaches sur un
plateau verdoyant, des névés au loin. On redescend d’un niveau où on retrouve
une plaine agricole. Des camps de nomades, une cigogne, une rivière aux eaux
vertes et hop on remonte sur un plateau sauvage un peu garrigue avec ses chênes
verts dominant un lac. On redescend sur ses rives à Pinarbasi. Arrêt chaï à une
lokantasi où on mange déjà la soupe ! avant de poursuivre sur une grande steppe
s'étendant à l'infini parfois sèche, parfois verte. Le dos du chameau se relève
bien. A Olukkbayu, petit arrêt touristique pour visiter
jusqu'au col de
Mazikiran à
Jeudi 24 juin, la soupe en petit déjeuner, faut s’y faire ! Un paysage désertique
avec des montagnes rocheuses et des travaux mais il fait frais. Quelques nuages
font défiler leurs ombres sur le flanc des montagnes. Quelques vergers
d'abricotiers, de cerisier s'accrochent aux pentes. Le long de la rivière
Yazikoila, la jandarma en rouge arrête un car. On remonte dans des montagnes
arides et arrive à un col au milieu de ces steppes à perte de vue sans un
village, sans une maison. Quelle descente ensuite
Nous sommes au
Karahan Geçidi un col à
Vendredi 25 juin, pas de grasse matinée, le muezzin ne fait pas de cadeau, le soleil non
plus qui inonde la chambre ouverte sur l'azur et le minaret qui y trempe sa
flèche. Au café panoramique, c'est une soupe que l'on nous sert, pas moyen d'y
échapper ! On voit le village s'animer autour de la statue sévère d'Atatürk :
les fruits déjà étalés, quelques marchands de rue, les boutiques Market, les
Kuofers, les tracteurs emportant leurs premiers cueilleurs d'abricots. En me
promenant, je traverse le marché aux légumes sous des teintures avant de
découvrir dans un jardin
des abricots séchant
au soleil formant un beau tapis orange. Des marchands de maïs passent en
roulotte pendant que les buveurs de chaï discutent le coup dans une allée
ombragée. À la lonkantasi Onur kebab Salonu, les habitués, une clientèle
locale, des militaires nous rassurent et pour 5TL que demande le peuple ?
Kebab, riz, légumes, tomates, courgettes et poissons nous régalent. Sous un
kiosque, il y en a quatre autour d'un bassin, j'écris tout ça. Trois hommes
discutent pendant qu'une dame fichu vert et robe noire s'approche pour
quémander la pièce. En me baladant dans le village au hasard des ruelles et des
étals d'abricots, on me regarde comme si je débarquais d’une autre planète
comme ce vieux monsieur intrigué, petite moustache blanche, à qui je dessine
une bicyclette. L'hospitalité turque encore et toujours. Emrullah, jeune
étudiant en anglais m’offre des cerises, des abricots et une glace. Un peu plus
loin, c'est le pizzaïolo qui offre à Christian une pizza turkish tout droit
sortie du four. Les derniers abricots rentrent au village rejoindre leurs
frères séchant au soleil en attendant la lune qui s'arrondit.
Van Golu, Van Golu
AKSADAG – AHLAT 521km
AKSADAG – ELAZIG
Pas de difficulté jusqu’à Malatya. Assez chaud.
Après un lac, valloné puis grande descente jusqu’à Elazig
ELAZIG -
BINGOL
Pas trop méchant au départ d’Elazig puis bosse avant
Kovançilar. Après Sarican c’est le Kuraça Geçidi à 1770m avant de redescendre
sur Bingol
BINGOL – MUS
Ca se vallonne puis montée et travaux. Après Sahan
c’est le Burglan Geçidi. Tout droit, faux plat descendant et plat jusqu’à Mus
MUS - AHLAT
.Plat dans une grande plaine
jusqu’à Guroymak. Montée chaud puis plateau plus frais avant la super descente
sur le Van Golu. Petits Vallonnements en longeant le lac jusqu’à Ahlat.
Samedi 26 juin, debout les gars, semble crier le soleil qui nous envoie déjà un
bonjour chaud et aveuglant. Émotion dès le matin. Un gros monsieur, moustache
et sourire accueillant, nous invite à boire le café autour de ses amis. Presque
les larmes en partant d’Aksadag. La varzuela de mes roues sur les lignes
droites le long des abricotiers qui nous font un cortège face à l'Est, face au
soleil qui nous attire. Un berger de moutons nous fait un hello, les cigales
cymbalisent à nos oreilles. Un viaduc en construction puis une main tenant une
branche d'abricotiers et c’est l'entrée dans Malatya, capitale de l'abricot. On
fait une halte au Sahan Kebab devant une grande avenue en chantier où bus,
camions, motos, piétons, femmes foulards et longues robes, marchands ambulants
se croisent dans un joyeux mélange coloré. Un homme et une femme cueillant des abricots et c'est la sortie de
Malatya. Stupéfait, c'est le nom d'un enfant d'un couple rencontré au bord de
la route. Rencontre de hasard, rencontre étonnante. Une plaine d'abricotiers
s'étend jusqu'aux montagnes pelées, brûlées par le soleil. Inonu Universitasi,
immeuble moderne d'une Turquie qui avance. Nemrut Dagi, c'est une excursion sur
ce célèbre mont qu'un bus nous propose. Les amandiers et des noyers se
mélangent à l'arbre roi de cette région. Et soudain l'Euphrate. Un écrin bleuté
entouré de montagnes ocres et les vergers d'abricotiers qui déversent leur
verdure dans cette mer bleue. Des cueilleurs et vendeurs d'abricots tous les
Le vent fait des
rides sur l'eau et nous emporte vers le large. Retour sur Terre.
Dimanche 27 juin, dormi un peu énervé après l'altercation d'hier. Christian veut
toujours décider de tout : l'hôtel, la route, où s'arrêter. Va-t-il me
comprendre ? Pas de muezzin ce matin dans notre chambre trop fermée mais un
concert d'oiseaux et des vols d'hirondelles au-dessus du garage où nous avons
fait dormir nos chevaux. Vite sorti de la ville pourtant importante. Diyarbakir
! Sur un panneau, ça sonne comme un cri d'attaque. Une pétrolette à trois
surprenant mais c'est assez courant ici. Champs de blé et betteraves ont
remplacé les abricotiers. Des blés dorés se jettent doucement dans un lac bleu.
Un troupeau de chèvres noires et moutons blancs bien gardés par un chien. Un
breakfast inattendu. Mon Christian est arrêté à une station où on fait le plein
d'olives, tomates et fromages arrosés d'un chaï avec nos amis de passage.
Incroyable ! Les blés continuent de remonter jusqu'aux montagnes se mêlant à
leur couleur ocre.
« Un nid de
cigognes », me crie le Christian, enthousiasmé. Dans une côte, un cortège
de mariage me double en klaxonnant. Je me crois dans une échappée du Tour et je
dois me faire rattraper par le peloton ! Malgré cela, mes jambes légères
tombent comme des pistons bien huilés. Un tracteur me double mais je le
redouble dans la descente, les bras levés, j'en perds ma casquette. À l’ombre
sur un banc de Kovançilar, je vois mon Christian qui passe. Je le hèle mais il
n'entend pas. Vais-je le retrouver ? À la sortie, je le vois encore attablé
invité cette fois dans une station. Notre repas de midi nous est servi cette
fois. Incroyable encore ! C'est dur de repartir dans la chaleur. Le patchwork
de champs de blé s'étale dans la plaine recouvrant les collines et forme un
tapis persan où se joue l'ombre des nuages. Sarican. Ça ne ricane plus avant le
col. Un Coca avant cette longue montée dans la steppe avec des troupeaux et
leurs bergers qui nous font signe. La végétation rase fait penser aux causses
jusqu'au col Kuraça Geçidi à
Lundi 28 juin, le muezzin pas loin chante sa plainte dans la ville endormie.
« Allah Allah aaa » résonne à côté de nos lits. La soupe au lait fermenté
chaud le matin, heureusement il y a le chaï qui apporte sa douceur ouf ! Un
fantôme dans la rue après avoir quitté la mosquée blanche. Une dame entièrement
voilée de noir juste les yeux. Un vieux monsieur bonnet blanc avec le râteau
auquel il manque des dents. Lui aussi sans doute. Des vaches se promènent le
long de la route avec des ânes en liberté. On monte dans un paysage de causse.
Un marchand de glaces au bord de la route nous rafraîchit pendant qu’un groupe
à l'ombre dans un champ de meules de foin nous fait signe de venir les
rejoindre. Les travaux sur la route ralentissent notre allure et ça devient
pénible. Une petite route ensuite bien bitumée où on s'accorde une halte à
l’ombre avec deux hommes et deux enfants au seuil d'une maison abandonnée : un
poêle et des matelas empilés, des restes d'emballage font penser à une ancienne
épicerie. Une cantine de chantier nous attire pour le repas de midi à Sahan
mais hélas on se fait virer par le gérant. Dans le village, une lokanta bien
propre fera tout aussi bien notre affaire : soupe de lait, pois chiche, mélange
de viande et de légumes : courgettes et tomates dans un plat. Le riz au lait
nous régale en dessert. De quoi repartir vers le col de la journée le Burglan
Geçidi dans un paysage alpin, un col assez tranquille mais qui montre sa force
dans une dernière cote sévère. Au pied d'un mont volcanique, c'est maintenant
une route toute droite jusqu'au lointain avec ses pelouses puis ses champs de
fourrage coupé en petits tas à l'infini. Des vaches, une ferme, un berger et
son chien m’attirent. « Il ne mord pas », m’assure le berger mais je
n'ose le caresser !
Ça dévale dans la
plaine à coups de lignes droites et de faux plats descendants. Les cultures
remplacent les prés et l'élevage et c’est Mus où l'on bute sur les montagnes en
névé parsemées. Hôtel pas cher vieillot mais plein de charme, grande chambre
avec quatre lits et nos chevaux qui s'y reposent. Au çubuk Altinsis Kebap
Salonu, on goûte au petit-lait d'Iran, brochettes kebab, pains et salade de
tomates, courgettes, oignons dans ce restaurant huppé en terrasse. Plutôt
frisquet pendant que le coiffeur fait sa prière sur une planche. Le premier
kurde. Un bronzé buriné qui s'invite dans notre chambre
« Kurdistan », nous a-t-il lancé pour se présenter. Il vient de
Diyarbakir et s'appelle Saïda et appartient au PKK. Le personnage Mehmet. Un
autre Kurde fort en drapeau, sachant chanter imitant Pavarotti et pouvant faire
le Christ sur la croix ! Un kurde aussi mais quel acteur parti prier avec sa
planche à repasser. « One God, no problem », répète-t-il pour
affirmer sa foi en l'homme et en une ultime réconciliation dans l'au-delà.
Mardi 29 juin, le ciel bleu au-dessus des maisons de la ville déjà animée : des
oiseaux, des gens qui s'interpellent, bruits de camions au loin, de marteau,
talkie-walkie, Christian et l'hôtelier dorment encore du sommeil du juste.
L’hôtelier dans le couloir sous la télé semble imperturbable. Du monde déjà sur
les tenture du çubuk Altinsis Kebap. L'épicier du coin en face nous offre le
chaï avant de partir. Assez plat au début, de longues lignes droites dans les
prairies à perte de vue où les villages se blottissent à flanc de colline que
les tracteurs sillonnent. De gros troupeaux de vaches apparaissent çà et là.
Une carriole de bois tirée par un cheval. Des soldats sur la route nous font un
hello. On discute un moment avec eux et on rigole bien
quand je met un de
leurs casques pour la photo. Le chef arrive et crie des ordres en turc. Finie
la rigolade. Dans le village de, Gùroymak, autour d'un chaï, c'est tout le
village et les enfants qui semblent rassemblés autour de nous. À la
lokantasi : kebab, ragoût de courgettes, pommes de terre, salade. Pen dant
qu’on mange, un monsieur fan du Agat Gölü, un lac en montagne nous raconte à
l’envie qu’il s'y trouve des sources d'eau chaude et d'eau froide. Des joueurs
de dominos dans la salle à côté tapent à chaque coup joué. Bye, bye la
compagnie, nous on joue au vélo et quelquefois on perd, ça remonte après le
repas. On digère au milieu des alpages mais au sommet miracle, deux pastèques
bien fraîches et sucrées nous sont offertes par des gens sortis d'un minibus.
De belles fleurs blanches sur fond de montagnes incitent à la photo si ce n'est
avec les yeux. De beaux troupeaux de moutons et de chèvres avant
l’embranchement de Blitis que l'on laisse sur la droite. Une ligne droite, une
route lisse avec le vent dans le dos entraîne nos voiliers vers le large à vive
allure le long des prairies où paissent des grands troupeaux. « Des mérinos
! » s'exclame le Christian. On aborde la descente et soudain : « Van
Gölü, Van Gölü », je crie en levant les bras au ciel. La descente sur
Tatvan et on rejoint le lac turquoise où se mirent les montagnes tapissées de
névés. On longe ses rives, des prairies comme des alpages à gauche et la mer de
l'autre côté. On passe de criques en plages. La rencontre avec le jeune berger.
Arrêt photo devant son grand troupeau. Il s'appelle Hamaliçan et me baise la
main. Je l'embrasse en partant. Rencontre fugitive mais forte en émotion.
Un peu plus loin, un
autre troupeau de moutons mérinos recouvre les bords du lac. Photo du genre
Patou pas méchant en laisse par son berger. Et là, je le caresse ! On continue
vers une presqu'île. « Ahlat, Ahlat » crie le Christian en apercevant
la ville au loin au fond d'une anse. Des goélands regroupés sur la plage
s'envolent gracieusement au-dessus du lac. Les cultures de tomates, haricots
ont maintenant remplacé les prairies. On contourne la grande anse d’Ahlat comme
une grande boucle. C'est par une petite remontée que l'on atteint le Sehir
Merkezi. Beaucoup de demandes d'hôtel mais on nous indique toujours le plus
cher Metropol. C'est après le centre, tout près de la plage qu’on trouve enfin
notre hôtel, pas le grand luxe mais notre chambre à l'étage a une vue
magnifique par-dessus les toits sur cette mer bleue ridée par le vent et ces
montagne brumeuses avec çà et là quelques névés. Allongé sur le lit, on peut
rêver comme sur un bateau en partance.
La joie partagée, la
joie d'être ensemble sur la jetée du Van Gölü avec nos amis rencontrés là pour
une photo inoubliable. Encore un kurde de Diyarbakir dans cette bande de joyeux
lurons. Petit homme sympa parlant beaucoup, vendeur ambulant de produits
chinois et autres chaussettes dans son camion aménagé qu’il nous fait visiter.
Une moussaka aubergine sublime pour terminer cette journée de la rencontre avec
le Van Gölü.
Mercredi 30 juin, les mouettes qui caquettent mais aussi hélas les camions et un
marteau-piqueur viennent troubler la vue romantique sur le lac bleu sur fond de
montagnes parsemées de névé. Petit-déjeuner ce matin au miel brut avec du
beurre extra !
Les ruines d’Ahlat
Tarikçesi : des pierres tombales sculptées dispersées dans un champ. Des frises
et des motifs sculptés avec des inscriptions en perse ? Bayimdir Camii, c'est
un bâtiment carré de pierre marron à tour génoise à colonnes rondes à toit
pointu. C'est la tombe de l'émir Bayimdir. Ulu Kumbet : c'est une tour ronde
richement décorée sans inscription. Beau dôme à l'intérieur. Harabe Sehir est
indiqué sur un chemin. On s’y engage et on trouve des habitations troglodytes
creusées dans la roche : cuisine, chambres, plusieurs salles voûtées. Et
Christian, l’Hermite, apparaît dans un trou. Un peu plus loin conduit par notre
jeune guide, un pont en arche coudée au-dessus d'une cascade. Elle est fraîche
l'ombre du grand noyer s'élevant sur le pont !
Dans le centre du
village :
quelle vue par-delà
la cour en arcade de
en rentrant dans
l'eau un peu salée mais bonne. Avec Ramadan et Varap, dans la grosse bouée,
poussé vers le large, faisant la planche entre ciel et mer dans mon lit
flottant d'azur ça plane pour moi !
Sur la plage, il y a
le coin des garçons qui jouent comme des fous dans l'eau et celui des filles
habillées et leurs familles. Je m'isole sur un coin du rocher, n'écoutant pas
les « What’s your name ? » que le clapotis des vagues sans cesse qui
m'appellent. Un jour, je tomberai de ce rocher et embrasserais ces vagues pour
toujours, je me pense.
Les montagnes
rosissent sur le lac qui s'assombrit avant de glisser dans la nuit. Un homme
fait sa prière, agenouillé sur une plage, il prie peut-être pour que demain
vienne un autre jour.
Enfin l’Ararat
L’arche de Noe
Goran, le chamelier
AHLAT –
DOGUBAYAZIT 227 km
AHLAT – ERCIS 100 km
On longe le
lac pas trop vallonné On s’en éloigne, ça devient plus vallonné et en travaux
Route meilleure ensuite puis descente sur Ercis Chaleur. Au bord du lac, Grand
Hotel Arsisa
ERCIS - DOGUBAYAZIT 127 km
Au bout du
lac, la séparation Christian sur Van, moi sur Dogubayazit
Seul pour
remonter petite route sympa puis en travaux
Longs faux
plats montants puis montée après Caldiran de plateau en plateau jusqu’au
Tendurk Geçidi à
Jeudi 1er juillet, trop de chaï hier soir avec nos amis Kurdes Mehmet, Yaouch et un jeune
étudiant à la coiffure très gonflante avec des mèches. Le bruit des camions,
des mouches qui volent, les mouettes, ce matin, tout semble me réveiller et
pousser à lever l'ancre. « Le premier bateau de pêche », s'écrie
Christian en voyant s'éloigner sur le lac ridé partagé en deux lignes bleu
clair et foncé sous l’azur.
Quand la montagne se
retire, les cultures reprennent le dessus avec surtout le fourrage. Une
montagne enneigée apparaît au-dessus des collines rondes et verdoyantes. Une
falaise avant Adilçevaz, un village comme une station balnéaire avec sa
promenade le long d'un lagon turquoise plus clair.
Des vaches n'hésitent
pas à prendre un bain de pieds ! La plaine s'élargit laissant place aux
cultures de poivron, aux champs de blé. Des maisons aux toits métalliques à
quatre pans forment comme des tentes blanches brillant au soleil au bord du
lac. Arrêt dans une station où les gendarmes sont sympa sans le chef qui leur
crie dessus. Les travaux cassent notre allure jusqu'ici tout en douceur. Ça
crève encore pour Christian. Décidément, cette route est un tord boyaux pour
nos pauvres pneus ! On repart mais juste avant une autre station, recrevaison,
la galère pour Christian. « Tu as commandé un menu ? » me lance le
Christian toujours optimiste dans cette galère. Finalement, il mangera dans une
cantine, invité par des ouvriers sous une tente et moi à la station. Les
Jandarmas me laissent passer au barrage filtrant juste en face mais ça rigole
moins. Au restaurant de la station, je suis accueilli par un Kurdish, petit
gilet noir sur chemise blanche, grand sourire au milieu d'une belle barbe fine.
Quand les Turcs
deviennent ingénieux. Le Christ a déchiré un pneu tout neuf. Qu'importe, le
réparateur de pneumatiques lui colle une rustine à l'intérieur et c'est
reparti. La route devient meilleure et le moral revient. On redescend sur Ercis
sans passer par le centre. Dommage.
« IRAN »,
marqué pour la première fois sur une pancarte. Un peu plus loin, un homme me
prend en photo quand j'arrive sur lui. Bien habillé, c'est un Iranien de
Chiraz. Il nous écrit pour la première fois nos prénoms en persil ou farci.
Arrêt Coca pour les intestins du Christ courageux qui veut maintenant
continuer. Baise main des petites filles qui les portent au front en se
prosternant. Émouvant. La première fois aussi qu’une jeune fille splendide,
cheveux au vent aux yeux et sourire charmeurs nous posent des questions
ouvertement comme les hommes d'habitude. Belle rencontre libre autour d'un
chaï. Christian est exténué, a des frissons et demande un hôtel peu avant
Unseli. En descendant vers le lac, ses rives, les petits kiosques où les gens
se reposent et écoutent de la musique. C'est un grand hôtel quatre-étoiles
l’Arsisa, qui nous accueille. Grand luxe, grand hall à l'entrée avec des
représentations sculptées grecques à tête de lion. Du lac brumeux le soir, nous
parvient la musique par effluve nostalgique comme les rides bleu du lac Van
Gölü.
Vendredi 2 juillet, un chien qui aboie, des piaillements d'oiseaux, on se réveille
doucement. Grand beau sur la baie du fameux Van Gölü et ses petites vaguelettes.
Christian va mieux. Ararat aujourd'hui, si tout va bien, on le verra ce soir,
Inch Allah, la silhouette sublime de l’Agri Dagi. Christian, malgré cette
amélioration décide de repartir sur Van. Trop fatigué, saturé de vélo sans
doute. Un peu triste de voir notre chevauchée a deux se terminer bientôt. Bye
bye le grand hôtel Arsisa. C'est un vallonnement le long du Van Gölü avec des
foins entassés dans les champs comme des trophées. Les fâneurs le retournent à
la fourche. Manque de jambe pour Christian dans ses montées successives.
Les mouettes se
regroupent par milliers sur une rivière. Dernière vue sur le Van Gölü que l'on
quitte ici.
« IRAN -
DOGUBAYAZIT, d'un côté, « VAN » de l'autre, nos routes se séparent.
Ciao ciao Christian. Séparation rapide. Bonne chance, bon Van, j'oserais dire.
La peur au ventre car tout seul sur cette route inconnue broken et étroite m'a
prévenu le sympa hôtelier. Petite route agréable au départ mais les travaux
changent le décor : « Muslim, don’t panic », me dit un ouvrier de
chantier en me montrant sa barbe. Seulement « 17 kilomètres » de
travaux, m'a-t-il indiqué ! Quelques passages sont très pénibles. Deux enfants
nus sortent d'un ruisseau trouvant le moyen de me jeter des pierres ! Beaucoup
de poussière, par moment, soulevée par les camions, on ne voit plus rien. La
route devient ensuite plus large et surtout sans travaux. C'est le rêve après
l'enfer. Petit village, un Market mais sans pouvoir manger (emek), je m'arrête.
Un croissant au miel, des petits gâteaux et un coca, je m'attable avec les
enfants qui m'entourent comme des mouches. Ça remonte doucement sur une bonne
route se faufilant dans un paysage alpin. Trois faucheurs fauchent en cadence
un pré comme un ballet de la mort de l'herbe. Arrêt devant une rivière enfermée
dans des falaises. Les petits arrivent, je m'en vais. Marché à Caldiran, vite
assailli autour d'un chaï. Un homme au chapeau vert sort d'un car accompagné
d'une femme entièrement voilée de noir. Des poules vivantes dans une cage. Un
symbole de la vie des femmes ? Grand plateau de prairies verdoyantes autour
d’Ozalp. Enfin, ça monte ! Pas très longtemps, ce n'est qu'un premier palier.
Un chaos rocheux à perte de vue, des roches de lave ? Mais où est passé le
volcan ? Les troupeaux de moutons mérinos et des chèvres à poil long angora
s'éparpillent sur les alpages. A Sogukçu, des maisons basses à toit plat en
pisé apparaissent avec les premières yourtes. J'arrive à la dernière partie du
col, car on le voit, je le suppose loin au bout de lacets immenses où la pente
est plus dure. C’est le final, là haut qu’il faut aller chercher. Ca y est,
c'est le panneau du Tendurek Geçidi qui culmine à
Et soudain, comme
pour venir me rassurer dans les nuages surgit l'Ararat, trempant son sommet
dans les brumes mais c'est bien lui, massif, mêlant sa neige dans les nuages.
Le soleil revient avec les lignes droites face à lui, face à Dogubayazit. Le
Sehir Merkezi est assez animé, des marchands ambulants, de nombreux commerces,
des Markets dans des rues pavées mais aussi pas mal trouées. Le coin des hôtels.
L'hôtel Emrah à 15 ITL la nuit me convient. Chambre simple donnant sur un mur.
W.C., douche froide sur le palier. Il est loin l'hôtel Arsisa. L'hôtelier
sympa, c'est déjà ça quand on revient de ces montagnes sauvages et hostiles.
Grande allée centrale où les gens (les hommes) prennent le thé assis sur des
tabourets. Des coiffeurs, des bars à thé, des pastanesi, des vendeurs de glaces
comme à Istanbul, quelques lokantasis. C'est au restaurant Gùren tout près que
je m'installe seul dans la salle avec le monsieur et son fils. Je vois passer
les marchands ambulants ramenant leur charrette pendant que j'engloutis ragout
d'aubergine, pommes de terre, riz et salade de tomates. Retour à l'hôtel où sur
le balcon j’entends la musique turque du Cansin Bup café en face. Sur mon lit
bleu, je m'étale exténué en écoutant ses accents mélancoliques.
Samedi 3 juillet, le muezzin tôt le matin résonne et fait écho dans ma tête endormie.
Petit mezze en face au Kahvalti Salonu, royal avec beurre et miel. « A
Dogubayazit, tous les gens sont kurdes, seule la police est turque »,
m’explique le patron un peu Charles Aznavour jeune, cheveux gris et moustache.
Au coin d'une rue, miracle, Ararat est là devant moi avec sa masse neigeuse
comme une pyramide imposante et magnifique vers le ciel bleu. Sur la route
pavée d’Ishman Pasa Sarayi, un soldat me salue derrière un sac de sable. Des
chars surréalistes sur fond d'Ararat enneigé. Ça monte sévère comme un mur de
Grammont soudain tombé en Asie, la route se cogne puis s’enlace et embrasse l’Ishman
Pasa. Dommage, perdu l'Ararat en cours de route disparu derrière une montagne.
Seul un nuage témoigne du haut sommet.
Me voilà devant
l’entrée de ce palais d’un prince Kurde du XVII ème siècle :
.
Belle porte en pierre
rose sculptée débouchant sur une première cour avec des cellules de prison. Une
deuxième cour enferme une tombe à toit pointu monumentale et richement décorée.
Une terrasse ouvre sur les rochers et la grande plaine de Dogubayazit. Une
salle voûtée où se trouvait une bibliothèque. La mosquée à colonnes et dôme
magnifique avec des fresques peintes et des petites fenêtres en cercle où les
pigeons roucoulent. La porte aux lions ouvre sur un salon, la salle des dîners
avec des colonnades et des soubassements en pierre noire et blanche. Les salles
du harem avec une cheminée est vide ! Le hammam et sa salle octogonale. Une
grande cuisine avec une cheminée et une fontaine. Dernière salle voûtée mais en
rénovation.
Goran le chamelier.
C'est un français que
j'ai rencontré à la pastanesi du coin entouré de deux amis kurdes. Son visage
buriné, ridé surmonté d'un turban entourant ses cheveux et ses yeux bleus comme
deux phares m'a tout de suite attiré. Enfant de
Promenade au fil des
rues, une rue en travaux après l'allée piétonnière impeccable : des coiffeurs,
petits cireurs de chaussures aux mains noires. Passaj Buyuk, c'est un bazar
avec de l'artisanat, des bijouteries, des tableaux, beaucoup de chats haut sur
pattes, des chameaux soutenant un service à thé. Marché aux fruits sur une
place avec une fontaine entourée de bar à thé, un fabricant de corde qui fait
du boucan avec sa machine et l'Ararat qui pointe son nez par dessus les toits.
Les deux hommes derrière moi devisent en turc pendant que le petit serveur me
tend le thé. Restaurant Mevlana Salonu : kebab brochette, salade. Derya
Pasatanesi, un succulent gâteau au chocolat avec un chaï sur l'allée piétonne à
côté des causeurs et buveurs de thé. Une petite douceur avant demain, boire
dernier verre au Cansin Bup café et s'endormir. Inch Allah demain.
Ca
casse à Aktas
DOGUBAYAZIT
– AKTAS – CILDER
DOGUBAYAZIT –
TUZLUCA
Vue sur
l’Arart sur les lignes droites en sortant de Dogu. Ca s’elève gentiment pour un
col. Travaux pénible puis bonne route pour redescendre sur Igdir où je retrouve
la chaleur. Plat mais mes pieds me brulent jusqu’à la steppe de Tuzluca
TUZLUCA - KARS
Petite
mise en jambe dans la plaine en partant de Tuzluca mais à partir de Halikisla longue montée pour un
plateau désertique. Petite descente sur Digor avant d’attaquer un premier col
puis le Hanlar Geçidi à 2286 avant la longue descente sur Kars
KARS – AKTAS – CILDER 125 km
Pas mal de
lignes droites assez plat en partant de Kars. Peu à peui remontée jusqu’au village de Tasbasi . On longe le lac ensuite et on s’aperçoit à
peine qu’on arrive au Tasliyarma Geçidi à
Dimanche 4 juillet, les oiseaux de leurs sons aigus ou graves, quelques syllabes aux longues
discussions mêlées aux bruits de la rue : ça tape, ça parle, ça roule qui
montent avec le jour m’appellent ce matin vers la route qui me fait peur
maintenant. Du mal à partir de Dogu, de Goran mon protecteur après un petit
déjeuner copieux chez le même face à l'hôtelier sur le trottoir d'en face assis
à boire son thé. En passant devant les salons de thé, déjà on me hèle. Igdir
marqué, me voilà embarqué sur cette route chaotique. Des maisons à toit plat où
pousse de l'herbe semblent des bidonvilles surmontés de paraboles. Du mal à
trouver ma voie sur cette route en ligne droite pas toujours lisse. Le vent me
pousse vers ce mont Ararat, une fleur blanche tombée du ciel. Est-ce un signe ?
Des troupeaux de vaches se dispersent sur cette vaste plaine qui s'étend
jusqu'au pied du chien blanc dont le flanc brille au soleil. Les camions d'Iran
me doublent péniblement poussifs en montant le col.
Des champs de blé,
les collines forment une écharpe verte autour du sommet blanc. Pas de berger
encore mais la route devient la cata dans la descente, goudron fondu, gravier,
terre battue tassée, tout y passe. Les ouvriers m'offrent la su fraîche. Peu
après, route lisse, ouf ! Ça redescend par paliers jusqu'à la ligne droite
d’Igdir. Encore une photo d'Ararat aligné avec une mosquée comme s'il possédait
un minaret. Je contourne le centre et continue vers Kars en retrouvant la
chaleur.
Des cigognes à la
sortie semblent posées sur l'Ararat en sculpture cette fois. De petites
fontaines comme des kiosques, des vendeurs de fruits au bord des routes, des
familles qui pique-niquent sous les pommiers ou les abricotiers égaient cette
route monotone en ligne droite. Heureusement, le plat et un vent favorable
permettent de bien rouler dans cette plaine agricole. Et puis, tout d'un coup
le désert comme si l'homme s'arrêtait là, une steppe aride avec des
vallonnements. Il fait chaud, j'ai la gorge sèche et pieds me brûlent.
J'approche de Tuzluca. Derrière moi, l'Ararat n’est plus qu’un nuage dans le
bleu d’un lointain fumeux. Je m'arrête à un routier. Kebab poulet, riz et
salade montré par le cuisinier. « De l'eau, de l'eau, su, su »
demandai-je au serveur. Léger courant d'air bien agréable après ce coup de
chaud. La note est un peu salée. Le patron me montre ses 10 doigts derrière son
bureau de ministre qui contraste avec sa tenue : faut bien le payer !
Tuzluca, un hôtel ? Je trouve chez le teacher home. Sauvé par le chamelier.
J’ameute tout le village et la police pour ma carte d'identité laissée à
l'hôtel Emrah à Dogu. Heureusement, j’appelle Goran qui me la récupérera. Tu
deviendras mon sauveur, toi, le nomade qui aime ceux qui voyagent. A Tuzluca,
embarqué après mon passage à l'Internet café dans la bande à Tolga autour d’un
chaï et au milieu de tous ces groupes à l'ombre des acacias. J'aurais aimé m’y
imprégner , discuter avec un moustachu qui me fait signe. Tolga est fier de
promener son français dans tout le village. Bye bye Tolga qui s’enfile dans une
grande voiture. Dans le parc municipal au premier étage du restaurant Yuce Parki,
je vois les familles s'y réunir et les enfants jouer dans le toboggan et un
jeune homme qui promène son arbre rose barbe à papa comme un trophée. En
sortant, je m’arrête devant la statue d'Atatürk tenant son chapeau et sa canne
qui me salue avant de sombrer dans la nuit.
Lundi 5 juillet, une étuve dans la chambre et j'ai cuit à petit feu cette nuit. Du mal
à émerger ce matin, comme sorti d'un coma dans un bruit de charrettes, camions,
tracteurs qui passent sous ma fenêtre couvrant le chant doux et léger des
oiseaux. Faut bien partir. Au départ, mes jambes semblent tenir. Maisons basses
pauvres à la sortie du village. Des jeunes bergers avec des vaches qui me
siffle. Ça ne va pas commencer ! Steppe plus verte puis pelée désertique. Je
traverse un canyon aux roches roses où des troupeaux paissent le peu d'herbe au
fond. Bifurcation pour Kars annoncé par un barrage de militaires. Salut de
rigueur mais un chien hargneux vient m'aboyer à
une steppe avec juste
de grands chardons à fleurs roses. Nul arbre à l'horizon sous ce soleil qui
cogne. Morceaux de goudron refait. Les cantonniers m'accueillent pour un chaï à
l’ombre de leurs camions. C'est la seule du coin ! « Meraba,
Meraba », je leur lance en m’arrêtant. Pas facile ensuite de dialoguer.
Digor,
comme recouverte d'un
tapis aux bandes colorées. A Dagpinar, pas mal de chevaux, de carriole, j’y
fais un arrêt coca en bon touriste hélé par les enfants qui n'en ont, sans
doute, pas vu depuis longtemps. « Komando Unce Vatan », marqué en
grosses lettres sur une montagne. Et, c'est pas le PKK qui a écrit ça quand
même ? Jaunes et violets, que c’est beau ces tapis de fleurs. J'arrive enfin au
grand col le Hanlar Geçidi à
Mardi 6 juillet, tôt le matin, qui crie comme ça ? Abdullah, Abdullah, le marchand de
glaces ou plutôt le marchand de croissant à la turque au sésame en face. Ces
appels se mêlent au ronflement des moteurs et des bruits incessants de la rue.
Bye bye mon caravansérail qui n'offre pas de petit déjeuner comme prévu la
veille. Toujours se battre sur cette terre. Je cherche les remparts en vain. Je
trouve une Camii près d'une fontaine sans eau. Des chèvres à poils longs, des
carrioles à chevaux, des poules dans ce quartier pauvre dans des rues pavées défoncées
où je trouve enfin les remparts au-dessus de la ville. Massif, il me rappelle
les forts militaires de Vauban. Le drapeau rouge turc flotte sur le donjon. Une
photo en repartant : la mère et sa petite-fille conduisant des canards.
Beaucoup de troupeaux de moutons Ah les belles cornes enroulées en rentrant
dans Kars, comme s'ils allaient faire leurs courses en ville pendant que j'en
sors. Le mariage en pleine route. Un orchestre qui joue, la troupe qui danse,
surprise de la route, toujours l'inattendu au détour d'un virage. De vastes
prairies ondulent à l'infini, beaucoup de fleurs des champs : bleus, roses,
violets, jaunes égaient le vert uniforme. Les chevaux tournent autour de leur
piquet. Dure vie qu'est la leur. Apçanlay, une pause avant
Tasliyarma Geçidi à
Des hommes au visage
buriné et souvent barbu nous attendent comme le messie avec leurs seaux plein
de ce lait qui est leur seul richesse. Je me pense, si on fait tous les
villages perdus, on va y passer toute la nuit. Presque, on revient en peine
nuit avec les phares qui éclairent mal cette route défoncée. Cilder à nouveau
où me dépose mon laitier sauveur. Polis puis finalement c'est l'école où un homme
large visage avenant, un professeur, sans doute, me tend sa main chaude que je
tiens longuement. Réunion autour de la télé, coupe du monde oblige. Dans la
salle, on sort la carte comme si on voulait faire un plan d'attaque à cette
folie des hommes. Enfin, un lit, enfin je peux me reposer après cette rude
bataille perdue.
Le saute-frontières réussi
En Géorgie
CILDER –
AHALCIHE
CILDER (TURQUIE) – AHALCIHE (GEORGIE)
Ca traverse jusqu’à
l’embranchement de Turkgozu. Ca remonte peu à peu mais franchement après Hanak et puis quelques kilomètres après Damal, c’est
la longue et dure montée vers l’Ilgardagi Geçidi à
Mercredi 7 juillet, je devais me reposer en Géorgie, me voilà reparti pour un second plan
de bataille par le deuxième point de passage frontière soi-disant ouvert. Cette
nuit, ça a gambergé dans ma tête et j'ai décidé de le réaliser en vélo. Lever
tôt donc, petit déjeuner à Cilder, croissant et chaï me font le plus grand
bien. Je n'ai mangé qu’un sandwich offert à l'école après cette journée
mouvementée. Adieu Monsieur le professeur en sortant de la lokantasi. Un ancien
professeur de français reconverti dans la quincaillerie m'accueille dans son
magasin. Content de parler avec lui et lui aussi. Je resterais bien des heures
à l'écouter mais la route m’attend. Je commence par traverser des prairies avec
beaucoup de fleurs. Ça sent bon. Une nuée de corbeaux vole dans les nuages. Un
homme avec une faux. Va-t-il faucher ma route ? Croisement, il faut prendre à
droite juste après une rivière vers Tùrkgozu. Je gère mon effort, il faut
alimenter le moteur de sucre pour ne pas tomber en panne d'essence. Une
rencontre sympathique avec un couple d'Ankarois qui me prend en photo, la dame
tout en décolleté surprend pour une turque ! La montée ensuite est sévère et
s'enfonce dans une forêt de pins au-dessus d’Hanak et se termine par une montée
au ciel. Enfin, la descente vers Damal qui fait du bien et où je m'écroule dans
une lokantasi exténué et affamé. Le vieux monsieur, moustache et casquette, en
face de moi, lape sa soupe aux pois chiche. Ca gronde en sortant et le ciel
devient noir. « Faut pas y aller », me font comprendre les gens
intéressés par un cycliste un peu fou. Je me lance quand même, il a plu sur la
route qui remonte
un torrent dans un
paysage alpin. L’Ilgar hôtel est un luxueux quatre étoiles au pied de la montée
qui l’est aussi car on la voit au loin se perdre en lacets jusque très haut. Il
faut tenir, je me dis dans ma tête, attendre que l'orage comme la pente
s'atténue. Aller chercher le village dont les maisons brillent tout là-haut
accrochées aux plus hautes pentes. Ça s'assombrit, le vent fort me déstabilise,
ça devient dantesque avec les camions que je croise et les nuages accrochés.
Enfin, c'est le col juste sous les nuages. L’Ilgardagi Geçidi à
C’est Tùrkgozu que
j'atteins après tant d'efforts, après que ce nom m’ait été répété tant de fois.
Ça rigole pas trop quand je tends mon passeport au douanier qui fait sa tête de
Turc ! Après bien trois quarts d'heure de pourparlers, premier passage réussi.
Je me retrouve dans le no man's land entre
De Georgistan en Armenistan
Je l’ai rêvé
Yerevan !
AHALCIHE
– YEREVAN
AHALCIHE – AHALKALAKI
Remontée
de la rivière jusqu’à Aspindza Des tronçons de piste sur une bonne route. puis
remontée encore d’un torrent jusqu’à Ahalkalaki
AHALKALAKI
- GYOWMRI 95 km
Lignes droites et assez plat jusqu’à
Ninocminda. Travaux dans la ville. Bonne route ensuite puis
Bonne
route assez plat puis première bosse puis remontée en pente régulière avant la
descente finale sur Gyowmri
GYOWMRI
– YEREVAN
Lignes
droites et route pénible avec des trous en sortant de Gyowmri. Montées
successives avant de redescendre par palier jusque dans la fournaise d’Yerevan.
Jeudi 8 juillet, au calme dans mon premier hôtel géorgien, nous sommes réveillés par
les chansons françaises sur ma petite radio. Couvert puis beau par la fenêtre
donnant côté cour sur des garages et un entrepôt plutôt délabré. Ici, je ne sens
pas un accueil chaleureux comme en Turquie. Un aigle royal dans la salle du
petit déjeuner semble fondre sur le touriste pendant que j'attends qu'on me
serve.
Tamara Tsaritsa,
c'est la statue d’une tsarine trônant au milieu du village natal de Charles Aznavour,
m'affirme un géorgien qui me prend en photo. Grand marché couvert au bout d'une
rue en escalier mal finie : fruits et légumes sur les étalages. Belles
fleurs à l'entrée. Ça sent les épices. C'est la route d’Aspindza que je prends,
confirmé par mon Allemand qui me klaxonne en arrivant à mes côtés. Ça redescend
et hop on rejoint la rivière boueuse qu'on remonte dans des gorges. La route
pas trop fréquentée est lisse et agréable mais tout d'un coup devient un chemin
caillouteux heureusement pas trop long. Les vaches toutes seules sur la route
sont indifférentes au klaxon. Le village d’Aspindza au bord de la rivière à
l’ombre pour une pause. Un jeune homme bonnet vert m’indique une fontaine
coulant dans la rivière, sans parler, juste par gestes. La barrière de la
langue semble plus forte ici. Il n'y a rien chez Valentine à part de belles
miches. Quelques barres énergétiques, du fromage, c'est plutôt la disette dans
ce magasin comme un cabanon tenu par la jeune femme. En repartant heureusement
aujourd'hui, le relief s'adoucit, ça fait du bien à mes jambes après les
efforts d'hier. L'hospitalité géorgienne. Des enfants vendent leurs fruits :
cerises, mûres de mûriers au bord de la route. Et là, je leur prend quelques
fruits et de fil en aiguille, je me fais invité par le père et sa famille russe
au fond du jardin.
Georges le fils est
le traducteur. Le monsieur insiste pour que je goûte leur plat de légumes et
boive avant le verre de vodka ! dans une très jolie bouteille. Un grand moment
avec eux plein d'émotions qui m'encouragent dans un pays inconnu que je
découvre. Dur de quitter cette datcha de rêve pour partir sur la route
remontant toujours la rivière jusqu'à Hertvia. Très beau château dominant la
rivière. En direction d’Ahalkalaki, la rivière, en gorge, devient de plus en
plus torrent bouillonnant. Sous les arbres avant le village, la rivière passe
sous leurs arches. Remontée vers le centre, rue principale bien entretenue mais
les ruelles adjacentes sont carrément des chemins défoncés. Je trouve un premier
hôtel à l'ancienne, un chien en peluche me regarde de ses yeux perçants et me
fait peur. Le patron ne s'occupe pas de moi et me laisse tomber en claquant la
porte, tant pis. Un autre, grand luxe, qu’on m'indique est trop cher pour mes
pauvres bourses. C'est finalement conduit par la police au bout d'un chemin
chaotique de fin du monde que je trouve refuge, l'Otel Anank. Des chercheurs
français dans l'environnement avec qui je parle volontiers de mes aventures
font l'interprète. Elle parle arménien et un peu russe. L'hôtelier est sympa et
l'hôtelière me sert un café de bienvenue sur la terrasse en véranda où on peut
lire dans le marc de café !
Vendredi 9 juillet, « toc toc », j’entend l'hôtelier toquer à ma porte quand je
dormais profondément « J – 1 », semble-t-il me crier J - 1 pour
Yerevan. Le chauffeur du groupe de chercheurs dans son bus 44 brousse russe me
fait un signe d’au revoir comme si on devait se revoir bientôt. Discret mais
très sympa, cet Arménien, on échangeait nos plats hier au restaurant.
« Spassiba », je lance à l'hôtelière qui parle russe, en repartant
sur le chemin plein de trous. Une main géante tenant une feuille à la sortie de
ce chemin où je retrouve une route civilisée. Du plat, des lignes droites dans
des prairies, une allée d’ormes m’accompagne. Une nuée d'oiseaux se regroupe
sur un troupeau de vaches. « Pneu fatigué. Problème ? » me demande un
gros bonhomme, lunettes noires, sorti de son pick-up, style mafia russe ou
géorgienne. Il m'accompagne jusqu'à une carrière d'extraction de gravier
jusqu'à un marocain descendant de son engin qui parle français. Je lui explique
que tout va bien, que mon peu tiendra à ce grand sportif, champion du Maroc du
le poste-frontière
Georgeo-Arménien. Pas de problème pour
Samedi 10 juillet, jour J ! jour Yerevan. C’est aujourd'hui le grand jour. Retour au
Shara restaurant pour un petit déjeuner royal ouvert uniquement pour moi aux
côtés de Dassin et d’Aznavour pour fêter ce jour J comme Erevan !
C'est George, Jura
qui me fait visiter : la statue d’Orane Chiraz, un écrivain, Michel Magacian,
un artiste cinéaste,
Avedi
Isaagian, poète.
C'est la tournée des
statues, j'apprendrai que j'ai loupé celle d' Aznavour, avant de sortir de
Gyowmri. La route est facile à repérer pour Yerevan bien indiqué. Je fais la
course avec un minibus, faut dire d’un age. La route rapiécée fait des mini
tranchées en travers de la chaussée. Mon cheval y tressaute comme un train sur
ses rails pour Yerevan. Retour à la steppe. Blé et pommes de terre occupent la
plaine agricole s'étalant entre les montagnes pelées. Fini les arbres et leurs
ombres généreuses. Le jour où je suis tombé à cause d'un maillot jaune. Un
VTTiste en jaune me double sans dire un mot en m’ignorant. Je le course, double
un cheval et le rattrape juste avant qu'il ne s'arrête. Il me double à nouveau
sur le plat, je le rattrape dans une montée, le double mais mon triple
n'accroche pas, je perds l'équilibre, je tombe, je me relève vite quand il me
rejoint et le distance à nouveau. Au sommet de la côte, je l'attends encore.
Foin, ballots, les ramasseurs sur la remorque ont du boulot. Il fait chaud. Les
moutons se réunissent autour de midi. Une descente.
Qu'il fait bon sous
les parasols pour contempler le patchwork comme un tapis se déroulant sur une
vaste plaine, plus bas. Un arrêt chez le pompiste où je ferais bien la sieste.
Ah la bonne eau fraîche. De petites descentes en vallonnements dans la plaine
aride me ramènent dans la chaleur, l'air brûlant. Et soudain l’Ararat dans la
brume comme un nuage plume blanche surréel par cette chaleur. Quelques prés
verts contrastent avec la steppe brûlée par le soleil. Derniers kilomètres
interminables dans cet atmosphère surchauffée. Une petite montée casse-pattes.
Enfin, les premiers immeubles au loin et la descente finale. « Hôtel
Mariott, place de
le musée,
le palais du
gouvernement, le square de
Circuits autour d’Yerevan
|
Garni Gueghard
Khor
Virap |
En
taxi oui je l’avoue: Les monsatères de Garni et Gueghard en haut à droite
En
vélo : le monastère de Khor Virap, très
chaud, l’Arart dans les nuages et retour sous la tempête
Dimanche 11 juillet, dans la famille d'accueil,
Jean-Marie, le
collègue d'Orange Arménie et Clara sa femme mexicaine d'origine espagnole comme
elle m’explique et leur deux enfants Éric et Mathilde dans leur belle villa au
fond d'une concession privée. Très bon accueil depuis hier soir devant Mariott
hôtel où Jean-Marie m'a récupéré plutôt ramassé tellement j'étais en piteux
état ! un peu dur aux premièr contact mais après un sourire, ses deux
fossettes effacent tout adoucissant même son accent rocailleux du Sud-Ouest.
Visite de la concession : golf, piscine, lac. Les usines soviétiques
désaffectées font contraste avec ce standing haut de gamme. Une fresque des
travailleurs où on prend la photo témoigne de cette histoire. « C'est un
pays en liquidation », répète Jean-Marie qui m’explique que tout a été
vendu après le départ des Russes.
Un taxi pour Garni.
Difficile de communiquer avec Samaval, le chauffeur qui ne parle pas un mot
d'anglais. On traverse tout Yerevan par de grandes avenues en passant devant
les anciennes usines désaffectées, d'anciens immeubles soviétiques aux pierres
roses sans balcon, en piteux état. On s'élève et sort de l'agglomération par
une steppe brûlée devant l’Ararat toujours dans ses brumes de chaleur. Le taxi
fait un signe de croix en passant devant une statue religieuse ?. On se
signe souvent ici. Les vendeurs de fruits sur le bord. Ds enfants avec des
bouteilles d'eau tentent de nous asperger. Le taxi dit non mais c’est
quelquefois sans effet. Veulent-ils nous jeter de l'eau pour nous rafraîchir ?
C'est ce que j'aurais aimé qu’on me fasse pendant trois semaines et là il
refuse ! On s'arrête devant le temple de Garni. Une messe à l'intérieur. Un
prêtre en bel habit blanc officie. Beaucoup de signes de croix pendant la
prière et les chants. Belle coupole à l'entrée de ce temple à pierre rose et
grise de basalte. On s'élève encore dans un paysage plus vert, une forêt et une
gorge à chaos rocheux basaltique ouvre sur le site de Gueghard. Marchands de
fruits, colliers d'abricots, abricots avec des noix et du caramel, Lavachs
parfumées. Tambour et petite trompette, un homme à couronne de fleurs les
fabricant sous un noyer comme une offre de bienvenue.
Le monastère rupestre
de Gueghard à l'architecture médiévale massive. Très belle coupole à quatre
arches et quatre colonnes d'où jaillit la lumière du jour. Une messe dans la
chaleur dans le choeur empli d'encens comme une secte secrète avec le prêtre
assisté d'un homme à capuche noire. Des chapelles latérales avec une coupole
d'où perce toujours la lumière du jour. Dans une salle grotte, une source d'eau
fraîche coule dans un bassin. De l'eau bénite ? Des inscriptions, des croix
sont sculptées sur les murs. Beaucoup de khatchkars (croix en pierre) très
finement sculptées sur les falaises où les cellules des moines furent creusées.
Des familles pique-niquent, barbecues au bord du torrent où les enfants se
baignent. En repartant : pastèques, tas de bois, moutons dans un enclos,
avant de tomber sur les grandes tours grises sans balcon au linge pendu, on
retrouve les bus jaunes en descendant doucement dans l’air brûlant d'Yerevan.
Et toujours ces lanceurs d’eaux qui nous traquent à notre passage. C'est une
ancienne fête païenne qui s'est perpétuée avec le christianisme. Pour se
rafraîchir la mémoire y a pas mieux ! Repas international chez Maral, une
arménienne mariée à un arménien de la diaspora canadien avec Clara, la
pétulante mexicaine et Jean-Marie français d'origine espagnole catalane. Ça
parle français, anglais, même arménien avec Mathilde qui nous chante quelques
comptines et Éric qui a appris quelques mots de Russes. Orange Passion Arménie.
Jean-Marie est intarissable sur son projet, son bébé, ses antennes, ses innovations,
ses panneaux solaires... Quelle fougue, quelle passion !
Lundi 12 juillet, visite d’Yerevan, enfin ? La ville que j'ai tant attendue, qui m'a
tant fait souffrir pour y arriver, cette ville symbole dont j’ai tant rêvé
depuis mon départ d'Istanbul. Encore l'international, un pilote de ligne
Thierry, Garni, un géorgien d'Orange Arménie. Enfin, après le repas, la ville
où me dépose Jean-Marie, la grande place du Mariott, le palais du gouvernement,
le musée et ses grandes affiches. Une grande avenue piétonne pas très typique,
grandes marques,
le monument soviétique
du travailleur arborant fièrement son glaive. Deux statues d'écrivain, le
peintre Sarayan, des cafés sous les ombrages entourent l'austère opéra à
coupole grise. « Des fruits rouges », m’indique-t-on pour des
souvenirs dans Tumanyan Street. Les magasins en contrebas de la rue North
Avenue par des escaliers : restaurants, vêtements, tapis, bars louches ?
J’atterris à l'Orange, une cafétéria lounge bar où je ne résiste pas à écrire
le nom orange OGUUs
en arménien et à déguster un jus d'orange frais. Enfin, Cinéma Moscou, ancien
bâtiment soviétique à colonnes. Devant, deux statues en fer forgé, un taureau
et un insecte comme une araignée. En face, le théâtre Kacca attend ses
spectateurs. La fontaine coule et les canards s’en régalent. C'est le couchant
sur la terrasse du Diamond Cafe avec Thierry, le pilote qui aime bien survoler,
la place de
Mardi 13 juillet, la représentation. À Orange Arménie, il faut se présenter, répondre à
des interviews de la communication interne et externe. Ça dure même si j'adore
parler de ce voyage, de tous ces souvenirs, j'ai envie de profiter du pays, de
le découvrir plus en profondeur que dans les bureaux d'Orange Arménie. Il fait
chaud quand je sors vers l’Armenian Bazar où les bouchers vendent leurs viandes
dans des devantures à même la rue. Légumes, fruits, pastèques autour du grand
bâtiment. À l'intérieur, un grand marché couvert avec des fruits bien disposés
: abricots, tomates, cerises forment de belles pyramides. Au premier étage,
chaussures, vêtements en occupent la majeure partie. C'est pas le tout mais mon
cheval a besoin de liberté, il sent des fourmis dans ses sabots. On sort donc
d’Yerevan assez vite avec du plat et beaucoup de circulation. Des vendeurs de
tomates, courgettes au bord de la route. Quelquefois, un simple plat de tomates
tout seul comme une offrande. Une plaine maraîchère s’étend avec des cultures
de légumes et des vergers d'abricotiers. A Artashat, arrêt dans un parc ombragé
de vert et de rouge, sous les arbres et les parasols Coca-Cola. Vardan et
David, mes deux compagnons sur leur vélo à une seule vitesse m'accompagnent sur
le chemin de Khor Virap. La route se glisse entre les vignes et puis tout d'un
coup
«
Khor Virap,
Khor Virap » je lance à mes compagnons en apercevant le monastère massif
perché sur sa colline face au petit et au grand Ararat qu’on voit à peine
dissimulé dans les nuages. Il n'a pas retiré son chapeau comme pour le tsar !
Khor Virap, Grégoire, l'illuminateur, y fut emprisonné pendant 13 ans. Belle
église centrale à tuf rose avec une porte en bois sculpté. Dans une chapelle
attenante à abside semi-circulaire, se trouve le puits de Grégoire dans lequel
on descend par une échelle verticale,
les jets d'eau qui
jaillissent dans le ciel rose, orange, vert, bleu, des flammes, des herbes sous
le vent sous la musique, les mélodies d'Aznavour : que c'est triste Venise, formi
formi formidable, la bohème, ça voulait dire qu'on avait 20 ans, What’s a
wonderful world !, What’s a wonderful life, Zorba le grec …
Le retour fut
dantesque dans les rues mal éclairées d'Yerevan. Dans le centre, une voiture me
fonce dessus crissant des pneus en tournant mais m’évite au dernier moment. La
nuit, le vent, la montée vers Varachni, les bourrasques, les éclairs, les
chiens qui me coursent. Ça devient dantesque. Enfin, sous l'orage qui commence,
j'entre dans Varachni et arrive à bon port dans la famille. « Il faut te
laver », me dit Clara comme une mère. Après cette tempête mémorable,
l'orage dans la nuit me plonge dans un sommeil profond comme le puits de
Grégoire.
Mercredi 14 juillet, moins chaud ce matin, les nuages et un vent plus frais au pied de la
maison de Clara en partance pour la ville mais l’Ararat a toujours sa mine
nuageuse. Un taxi démocratique. Il me conduit à la place de
l'église 1700 à
coupole à quatre arches est imposante et domine le bazar et ses marchands du
temple, à l’intérieur, ses boxes de joailliers, bijoutiers. Je retrouve Thierry
au restaurant chez Michel tenu par un arménien de Malatya qui nous fait goûter
sa Lahmaçun, sorte de pizza arménienne, l’Iskander, kebab avec pain et yaourt.
Dans le bazar, toujours les colliers d'abricots comme des saucisses qui pendent
et les soujoures, sorte de lavach (crêpe) aux fruits de toutes les couleurs. Je
retrouve Lilith d'Orange Arménie de la communication externe et Nané, jeune
journaliste à Radio Liberté. C'est mon premier interview comme un ministre mais
attention prévient Lilith « pas de politique ! » Charmante Nané,
frêle comme une fleur fragile aux yeux noirs à qui je raconte tous mes déboires
mais toutes les rencontres, Van Gölü, l’Ararat, les montagnes anatoliennes,
Dîner chez
l'ambassadeur. Dans le parc de l'ambassade de France avec Thierry, on se fait
des connaissances. Le Français un peu fou, l'hurluberlu comme dit Clara qui a
traversé
Jeudi 15 juillet, Bye bye l’Ararat Bye bye Yerevan, bonjour Yerevan. À l'aéroport,
impossible de prendre mon vélo s'il n'est pas emballé, je m'en reviens donc en
vélo de l'aéroport le long de la route des casinos : Oracul, Palace, Corrida
aux couleurs flamboyantes alors que le ciel se fait noir puis des marchands de
meubles, des lits à même la rue. C’est sous un déluge que je rentre dans la
ville. À Air France, un peu détrempé, rue Alex Manukyan, je reprend un billet
pour demain Inch Allah. Le ciel lavé de frais est redevenu bleu après le repas
à la cantine d'Orange Arménie avec Mocher, toujours le sourire, qui m’aide à
emballer mon cheval. Je m'endors sur le bureau d'Orange même à France Télécom
je n'aurais jamais osé ! Enfin, ils sont arrivés avec leurs cartons : roues,
cadres sont emballés et scotchés tels des Christos efficaces et rapides. En
deux temps, trois mouvements, mon cheval et ses deux pattes disparaissent sous
trois couches de carton. Je sens couler mes dernières heures à Yerevan. Sur la
terrasse de la pizza di Roma touchant
à
Dernier séjour à
Vendredi 16 juillet, au revoir ma famille d'accueil, Jean-Marie qui s'est levé tôt pour me
dire un dernier au revoir. Ma famille pendant cinq jours avec Clara, pétulante
et volcanique mais charmante. Quelle galère !
A l'aéroport, mon vélo mal emballé, il le refuse une seconde fois ! Avec
le chauffeur, on lui met quelques cartons comme un pansement sur la couronne
qui dépasse et le voilà accepté, embarqué. Pas fini, il refuse un ciseau et des
outils et ne me proposent pas de carton pour les emballer ils sont aussi bornés
que des bureaucrates staliniens face à une demande non prévue par le polit
buro. Obligé de quémander du scotch à la boutique d'en face. Aucun effort.
Enfin, mon petit carton part comme une bouteille à la mer. Enfin, dans la salle
d'embarquement, et là
l’Ararat se lève de
ses nuages juste avant de rentrer dans l'avion comme un dernier salut. Le petit
et son grand frère par le hublot en droite ligne de l'aile. Au-dessus des
nuages, la lumière aveuglante sur une mer de sel blanche sous un bleu éthéré.
Des lacs dans du vert, peut-être déjà
Yerevan, les rêves
c’est comme le vent, on ne les voit pas mais on les entend soulevant nos
cheveux, glissant sur nos visages, frôlant notre épaule
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et nous racontant
les souvenirs de toutes ces rencontres inoubliables
et toutes celles que
l’on attend là-bas, loin, je ne sais où
Mes remerciements
pour leur encouragement
à
Renaud mon coach
pour mon blog
Renaud mon
préparateur de vélo de « Génération vélo »,
M. Mosca, le
marchand de vélos de Corato,
Le couturier
stambouliote d’ «Elegante retouche »,
Louis, José et
l’arménien ravi du Transalpin,
Et bien sûr
A toute l’équipe de
la grande secousse
autour de Renaud qui
l’a initiée et animée :
Roland,
Wilfried,
Olivier,
Hervé,
Pascal et
toute l’équipe du
CCI
qui m’ont préparé au
cours de sprints mémorables
à cette énorme
secousse !